Rosalie Maurisse est intervenue à l'occasion de la première édition du forum Data & Santé, lors d'une table ronde sur "les enjeux des grandes plateformes de données".
Elle a rappelé que Bpifrance investit environ 1 milliard d'euros par an pour accompagner des entreprises sur des projets d'innovation. "A peu près 20%" de ces entreprises font partie du secteur de la santé, qu'elle a décrit comme "complètement transformé par le numérique".
Le segment de marché "le plus mature" est "clairement au niveau du diagnostic", a-t-elle souligné. Dans une cartographie publiée en février dernier, identifiant 104 start-up françaises de l'IA en santé, Bpifrance a dénombré 25 jeunes pousses dans ce domaine.
La responsable de la Bpifrance a ajouté "voir de plus en plus arriver des entreprises dans tout ce qui touche au développement du médicament", en amont au moment de l'identification d'une molécule ou lors des différentes phases de développement.
Le secteur de la prévention, notamment dans les maladies chroniques, et celui de la "médecine personnalisée", attirent également de plus en plus. Rosalie Maurisse a cité l'exemple du consortium public-privé PACIFIC, projet de 14 millions d'euros opéré par Bpifrance et visant à mieux comprendre l'insuffisance cardiaque grâce aux technologies d'IA.
Le marché de l'IA en santé reste toutefois en France un marché d'entreprises récentes. Sur la centaine de start-up d'IA en santé identifiées par Bpifrance, 60% ont moins de trois ans. La majorité (58%) est située en région Ile-de-France.
Si les entreprises accompagnées par Bpifrance "ont de plus en plus besoin de données de santé" dans leur activité, "on se rend compte que la majorité n'utilise pas des données françaises pour développer leurs algorithmes, et vont en prendre à l'étranger", a souligné Rosalie Maurisse.
Elle a "espéré" que la création du Health Data Hub, votée le 22 mars à l'Assemblée nationale dans le cadre du projet de loi relatif à l'organisation et à la transformation du système de santé, "change la donne".
Elle a pointé la problématique de la structuration et de l'accès aux données qui est "en train d'évoluer" avec le projet de loi examiné au Parlement, ainsi que celle des modèles économiques fondés sur le partage et le traitement de données.
"Plusieurs business models sont en train de se mettre en place, avec différentes typologies. Il y a des pays où l'on donne la donnée [...], d'autres où l'on peut avoir un pourcentage du chiffre d'affaires, ou s'acquitter d'un forfait", a-t-elle observé, appelant à "travailler" sur cette notion de "valorisation de la donnée".
Rosalie Maurisse a également cité "l'accès au marché" parmi les "points clés à travailler" afin de développer le tissu français d'entreprises d'IA en santé.
Elle a donné l'exemple d'un partenariat de 12 ans annoncé récemment entre l'hôpital Foch et Siemens Healthineers pour la gestion et l'optimisation du plateau technique d'imagerie de l'établissement. Ce type de collaborations "rend compliqué, pour les start-up françaises qui développent des algorithmes en imagerie, d'adresser ces différents marchés", a-t-elle pointé.
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