En parallĂšle aux discussions sur le projet de loi relatif Ă la protection des donnĂ©es (voir dĂ©pĂȘche du 4 avril 2018), le LIR s'est interrogĂ© sur lâusage des donnĂ©es de santĂ© en France comparĂ© aux pays anglo-saxons et nordiques.
Son Ă©tude, intitulĂ©e "DonnĂ©es de santĂ©: nouvelles perspectives pour les acteurs et les systĂšmes de soins", s'adresse aux acteurs de santĂ© publics comme privĂ©s. Elle a Ă©tĂ© menĂ©e sur la base d'une trentaine dâentretiens avec des spĂ©cialistes des donnĂ©es de santĂ© en France et Ă lâĂ©tranger, de benchmarks internationaux et sectoriels, et de trois ateliers dĂ©bats en prĂ©sence dâexperts publics et privĂ©s, indique le LIR dans un communiquĂ©.
Avec le big data, le volume de donnĂ©es pourrait atteindre 2,3 milliards de giga-octets dâici Ă 2020. Dans le mĂȘme temps, plus de 50.000 applications de santĂ© ont Ă©tĂ© recensĂ©es par la Haute autoritĂ© de santĂ© (HAS) et le nombre dâobjets connectĂ©s serait estimĂ© Ă 80 milliards dans les deux ans.
Le LIR encourage donc "tous les acteurs de la chaĂźne de santĂ©" Ă accĂ©lĂ©rer la production et lâexploitation de donnĂ©es "rĂ©ellement performantes", et rappelle la grande disparitĂ© des donnĂ©es de santĂ©, que ce soit au niveau de leur typologie, de leur source, de leur format ou de leurs caractĂ©ristiques.
Ainsi, les donnĂ©es issues dâessais cliniques (privĂ©s ou publics), celles contenues dans les bases de donnĂ©es mĂ©dico-administratives (dont les 8,9 milliards de feuilles de soins enregistrĂ©s sur le systĂšme national d'information inter-rĂ©gimes de l'assurance maladie -Sniiram- en 2015), ou encore la data des cohortes, des objets connectĂ©s ou des applications mobiles, nâont pas la mĂȘme valeur.
Si la data du Sniiram est structurĂ©e et agrĂ©gĂ©e, celle des objets connectĂ©s et applications nâest pas agrĂ©gĂ©e et reste individuelle. Toutefois, toutes ces donnĂ©es de santĂ© "fournissent des outils supplĂ©mentaires pour le dĂ©veloppement dâune mĂ©decine personnalisĂ©e [et] constituent Ă©galement un vĂ©ritable levier pour la sĂ©curitĂ© sanitaire et pour lâefficience des parcours de soins et des organisations", souligne le LIR.
L'association laisse nĂ©anmoins le soin aux pouvoirs publics -avec le concours des acteurs de santĂ© publics et privĂ©s- de "dĂ©finir le modĂšle qui permettra de passer de la donnĂ©e Ă la connaissance, en sâassurant que le patient ou lâusager reste [...] bĂ©nĂ©ficiaire". Elle salue aussi la crĂ©ation du SystĂšme national des donnĂ©es de santĂ© (SNDS).
Les auteurs de lâĂ©tude se sont Ă©galement penchĂ©s sur le "chaĂźnage" des donnĂ©es comme accĂ©lĂ©rateur de la transformation des systĂšmes de soins et, pour cela, une Ă©tude comparative avec les pays nordiques et anglo-saxons a Ă©tĂ© menĂ©e. RĂ©sultat: ces pays "ont pris une longueur dâavance" sur la France.
Au Royaume-Uni, le LIR rappelle les multiples initiatives nationales, rĂ©gionales et locales visant Ă amĂ©liorer la qualitĂ© et lâeïŹcience des soins: NHS pour lâĂ©chelle nationale, Datawell dans le comtĂ© de Manchester ou encore la solution intĂ©grĂ©e de services de dialyse de Fresenius visant Ă "amĂ©liorer les pratiques au niveau mĂ©dical, Ă©conomique et organisationnel".
Aux Etats-Unis, le systĂšme dâinformation de Kaiser Permanente, organisation de soins de santĂ© intĂ©grĂ©s forte de 12 millions dâadhĂ©rents en 2016, 21.000 mĂ©decins et 54.000 infirmiĂšres a permis, grĂące aux donnĂ©es collectĂ©es, une rĂ©duction de la mortalitĂ© de 73% pour les maladies coronariennes et la rĂ©alisation dâĂ©conomies "dâenviron 30 millions de dollars sur les soins cardiaques".
Le contraste est encore plus frappant dans les pays nordiques, trĂšs en avance sur le sujet.
En NorvĂšge, on compte 16 registres nationaux de donnĂ©es de santĂ© (dont le premier a Ă©tĂ© créé en 1951) pour une population de 5 millions dâhabitants. La SuĂšde, elle, revendique 73 registres nationaux pour ses 10 millions dâhabitants et le LIR insiste sur un projet de regroupement des donnĂ©es entre la SuĂšde, la Finlande, la NorvĂšge et l'Islande afin de crĂ©er une base commune de prescription de mĂ©dicaments regroupant 25 millions de personnes.
Cette importante rĂ©colte de donnĂ©es permettra "dâamĂ©liorer le suivi des produits de santĂ© en vie rĂ©elle, la surveillance sanitaire et lâĂ©valuation des problĂ©matiques de santĂ© publique", estime le LIR.
L'association plaide ainsi pour "lâintĂ©rĂȘt collectif de lâopen data", source dâeïŹcience pour le systĂšme de santĂ©.
En conclusion de son Ă©tude, elle souligne la nĂ©cessitĂ© dâune "meilleure coordination entre les acteurs" et d'une interopĂ©rabilitĂ© entre les systĂšmes.
Elle encourage aussi les acteurs publics et privés à accorder "de la valeur" aux données "provenant des patients" (objets connectés, applications...), essentielles pour garantir leur sécurité sanitaire et les accompagner au quotidien.
L'étude "Données de santé: nouvelles perspectives pour les acteurs et les systÚmes de soins"
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