Le premier ministre, Edouard Philippe, la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, Frédérique Vidal, et le secrétaire d'Etat chargé du numérique, Mounir Mahjoubi, ont remis le 8 septembre à Cédric Villani sa lettre de mission relative à la stratégie nationale sur l'intelligence artificielle (IA).
L'objectif de cette mission, d'une durée de 4 mois, sera d'"apporter une vision à la stratégie nationale et européenne pour l'intelligence artificielle que nous voulons construire" afin que le gouvernement puisse "fixer les axes d'une stratégie publique claire et assumée" en la matière, a expliqué Edouard Philippe.
Interrogé par TICpharma lors d'un point presse suivant la remise de sa lettre de mission, Cédric Villani a assuré que "les auditions ne manqueront pas" en matière de recours à l'intelligence artificielle dans le domaine de la santé.
Des médecins, des start-up, des chercheurs "soit dans la modélisation, soit dans l'étude des grandes données" seront auditionnés dans le cadre de la mission, et "une séance spéciale de l'académie de médecine aura lieu sur ce sujet en novembre", a-t-il précisé.
"L'intelligence artificielle s'invite à chaque fois que l'on cherche à avoir une réponse algorithmique qui soit, disons, personnalisée, qui apprenne, qui s'appuie sur l'expérience et qui aille au-delà des règles telles qu'elles sont connues", a-t-il déclaré. "Et, dans le cadre de la médecine, où l'on cherche à avoir l'émergence d'une médecine de précision, personnalisée, c'est extrêmement important", a-t-il ajouté.
Face aux doutes exprimés sur la maturité technologique de l'intelligence artificielle, et sur sa fiabilité lorsqu'il s'agit de l'appliquer à la médecine, le député mathématicien lauréat de la médaille Fields en 2010 a rappelé que "l'intelligence artificielle recoupe beaucoup d'outils et de technologies différentes".
"Sur certains sujets, ces technologies sont matures, sur d'autres elles ne le sont pas, [mais] en tous les cas elles progressent", a-t-il noté.
"Déjà des start-up se sont montées autour d'applications médicales, et déjà des cas dans lesquels un diagnostic automatique s'est révélé pertinent et surprenant sont recensés", a-t-il souligné, citant l'exemple de la détection automatique de tumeurs.
Cédric Villani s'appuiera pour cette mission sur l'expertise de Marc Schoenauer, directeur de recherche à l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria).
Il travaillera aussi avec le Conseil national du numérique (CNNum) et France Stratégie, et s'appuiera sur les travaux déjà réalisés sur le sujet, comme le rapport de l'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst) publié en mars, ou le rapport FranceIA commandé par le précédent gouvernement.
La mission est prévue sur "un calendrier resserré" avec la remise d'un rapport à mi-parcours en novembre, puis du rapport définitif en janvier 2018, a indiqué Cédric Villani.
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