Incitation à l'usage d'antidiabétiques pour "perdre du poids", promotion de "médicaments contre le cancer" et de "produits cosmétiques" provoquant in fine des pertes de cheveux ou plaques rouges sur le corps, ou encore inscriptions "à des formations médicales" au Mexique... Il était une fois le monde à la dérive des influenceurs. Depuis quelques jours, une proposition de loi transpartisane visant à lutter contre les arnaques et les dérives des influenceurs sur les réseaux sociaux est examinée par l'Assemblée nationale. La commission des affaires économiques du Palais-Bourbon a notamment approuvé plusieurs amendements visant spécifiquement le domaine de la santé. Suivies par des millions de personnes -souvent mineures- sur les plateformes, telles qu'Instagram, Snapchat ou TikTok, ces stars du net sont désormais aussi dans le viseur des pouvoirs publics. A Bercy, un "guide de bonne conduite présentant l'essentiel des droits et devoirs des influenceurs et créateurs de contenus" a été édicté et l'objectif est d'encadrer une pratique qui échappe à tout contrôle. Par exemple, depuis plusieurs mois, Ozempic, un antidiabétique injectable indiqué dans le traitement du diabète de type 2, est notoirement détourné. Vanté comme un produit minceur miracle par une poignée d'influenceurs, il serait aujourd'hui utilisé par quelque 2.000 personnes en France hors cadre, selon les autorités sanitaires. Un usage qui questionne au moins autant qu'il inquiète puisque ce traitement n'est délivré que sur ordonnance. Même usage bafoué concernant les capteurs de glycémie en continu qui permettraient, en surveillant strictement sa glycémie, de contrôler son poids. Les tensions d'approvisionnement croissantes sur ces produits de santé alertent les patients et professionnels du secteur. En outre, le rôle ambigu de Big Pharma, fournisseur ponctuel d'échantillons -contre une bonne dose de publicité gratuite-, est de plus en plus décrié. Le sujet est devenu une question de santé publique et les parlementaires doivent en prendre la mesure. Un cadre légal strict et beaucoup de pédagogie sont nécessaires pour lutter efficacement contre ces dérives, boostées par le modèle économique des influenceurs. La morale de cette histoire ne vous sera pas inconnue: tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute!
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