Le premier axe est "l'acculturation".
Il s'agit de "faire monter en compétences les collaborateurs" dans différents domaines dont l'exploitation des données, l'intelligence artificielle et la blockchain, a développé Céline Chevrier, mais aussi "d'adopter un langage commun de compréhension de l'écosystème, des enjeux de la transformation numérique et du changement des métiers".
Le but est de "trouver de nouvelles façons d'interagir avec nos clients, professionnels de santé et patients, plus omnicanales et plus personnalisées pour répondre à leurs besoins".
Janssen a mis en place depuis cinq ans un programme de montée en compétences, appelé "vox digitali". Il a été créé "à l'initiative du comité de direction, qui voulait s'acculturer et s'emparer du sujet pour créer un transformation numérique qui embarque tout le monde".
La directrice du centre d'excellence a souligné l'importance "d'un top management impliqué", qui porte le changement, et la longévité du programme. "La transformation numérique ne s'arrêtera jamais", donc le programme a vocation à continuer, a-t-elle estimé.
Le deuxième axe est "l'innovation ouverte", c'est-à -dire "comment s'ouvrir à l'écosystème, le comprendre, le benchmarker, et créer un réseau" de start-up, mais aussi "d'entreprises publiques et privées". Cette "mise en lien" des acteurs vise à répondre plus facilement à des problèmes internes.
Céline Chevrier a également cité le projet "Inno'Vaccins", alliance des filiales françaises de Janssen et d'AstraZeneca autour d'un appel à projets pour "développer des innovations pour lever les freins potentiels à la vaccination, notamment contre le Covid-19", ainsi que l'expliquait le président d'AstraZeneca France en novembre 2020.
Troisième axe, "la digitalisation": "comment mettre en musique les différents canaux qui nous permettent ces interactions, à l'aide notamment du web, et des différents moyens de communication."
Par exemple, le laboratoire pharmaceutique "met en place des services de simplification des processus administratifs pour les professionnels de santé travaillant avec Janssen: comment remplir une note d'honoraires, déclarer un lien d'intérêt, etc."
Le quatrième axe porte sur "les advanced analytics".
"On veut mieux connaître le client, mieux prendre en compte ses enjeux à l'aide des données de notre CRM [customer relationship management] ou récoltées ailleurs, et piloter la performance", ce qui nécessite "d'agréger les données et les rendre accessibles"
Des filiales européennes de J&J développent un datalake commun afin d'automatiser la création de "dashboards de performances" utilisant ces données.
Avant d'y parvenir, "il faut éliminer les sources annexes de données afin qu'elles soient consistantes et robustes, s'accorder sur les indicateurs qui vont être utilisés, être sûr qu'ils vont être regardés de la même manière, sous forme de courbes et pas de diagrammes par exemple".
Des indicateurs sont actuellement testés. "Une fois éprouvés, ils seront automatisés, puis l'étape ultime sera la datavisualisation pour que n'importe qui puisse y avoir accès."
Janssen France utilise 150 indicateurs différents, notamment pour suivre "la pertinence des emails envoyés à nos clients: est-ce qu'ils les ouvrent, est-ce qu'ils cliquent", a indiqué Céline Chevrier.
Le dernier axe est "l'intégration des technologies" évoquées ci-dessus, notamment "l'automatisation des tâches et la datavisualisation", dans le quotidien.
Comme dans tous les projets numériques, il faut "bien travailler les processus en amont et accompagner les collaborateurs" afin que les outils soient adoptés et "mis en routine", a expliqué Céline Chevrier. "Il faut créer un langage commun, démontrer la valeur que les outils ont pour le travail quotidien et ce qu'ils vont apporter comme simplification."
Le centre d'excellence digital et data emploie aujourd'hui 17 personnes, dont des analystes, experts de données, de l'automatisation, du CRM.
A ceux-ci s'ajoutent 11 consultants et indépendants "pour des métiers plus volatiles comme les UX designers ou les webmasters", dont les domaines évoluent "trop rapidement pour que cela nécessite d'embaucher". Ils ne sont "pas forcément issus du secteur pharmaceutique, mais ce sont des experts dans leur métier".
Par ailleurs, la définition des processus en amont de leur mise en place et l'accompagnement des collaborateurs ont été les clés de la numérisation du site de production de Janssen à Val-de-Reuil (Eure), ont expliqué Céline Chevrier et le directeur de l'usine, Marc Spiniella, à TICpharma lors de la même interview.
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