Pour mémoire, le Hub a retenu comme hébergeur Microsoft Azure, un choix contesté et critiqué, notamment par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), mais validé par le Conseil d'Etat faute de mieux.
En novembre 2020, le ministère des solidarités et de la santé, Olivier Véran, s'est engagé à "adopter une nouvelle solution technique" d'ici deux ans.
De son côté, le Hub s'apprête à soumettre une demande d'autorisation auprès de la Cnil.
Le document, daté de novembre 2019, indique qu'une "étude de l'écosystème technique a été conduite pour identifier la solution d'hébergement" retenue pour le Hub, Microsoft Azure.
La directrice du Hub, Stéphanie Combes, avait expliqué à TICsanté (site d'information du groupe APM International dont fait partie TICpharma) dès décembre 2019 avoir rencontré de nombreux acteurs de l'hébergement, dont les français Thalès, Atos et OVH, mais qu'"aucun n'était en mesure de faire ce que nous demandions".
Sollicitée la semaine dernière, elle n'a pas souhaité commenter davantage.
Selon le document, une étude pour le choix de l'hébergeur a été terminée en février 2019. Ont été considérés Azure, AWS (Amazon Web Services), GCP (filiale de Google), Padawan, Teralab et CASD, ainsi que plusieurs filiales de groupes industriels français: Docaposte (filiale du groupe La Poste), Santéos (Atos), Outscale (Dassault Systèmes) et Orange Business Services (Orange).
Seuls Azure, OVH, Santéos, Docaposte et OBS étaient agréés ou certifiés hébergeur de données de santé (HDS) à l'époque. OVH, Docaposte et Santéos ne disposaient pas d'un "véhicule contractuel existant".
Le document projette deux scénarios, l'un utilisant OVH, l'autre Azure.
Les coûts de réalisation de la plateforme avant sa mise en production sont plus élevés dans le scénario OVH que dans le scénario Azure, s'établissant respectivement à 2,2 millions et 0,9 million d'euros.
Les coûts d'infrastructure et de logiciel sont semblables chez les deux sociétés. Ils sont respectivement de 60.000 euros pour les deux chez OVH, et de 50.000 euros pour l'infrastructure et 40.000 pour le logiciel chez Microsoft. La différence réside dans le "coût humain", évalué à 2,07 millions d'euros chez OVH contre 0,89 million d'euros chez Microsoft.
La durée de la phase de réalisation est également plus longue en optant pour OVH: 12 mois, contre 6 avec Microsoft, selon l'étude.
En revanche, les coûts de fonctionnement estimés d'OVH sont inférieurs de 275.000 euros par semestre à ceux d'Azure.
Les coûts des deux scénarios s'équilibrent à partir du quatrième semestre de fonctionnement, aux alentours de 15 millions d'euros cumulés depuis la phase de réalisation, selon l'étude.
Selon les projections, OVH devient moins cher qu'Azure à partir du cinquième semestre. Les coûts de fonctionnement cumulés du premier sont estimés à 4,5 millions d'euros pour le semestre 5, contre 5 millions d'euros pour le second.
"Le scénario de réversibilité défini sur OVH […] présente […] certaines limitations aussi bien au niveau de la réalisation que du fonctionnement", dont "le manque de maturité de l'offre PaaS" [platform as a service] qui "induit d'important coûts d'intégration en phase de réalisation", des délais supplémentaires et une "complexité de gestion de la sécurité".
Par ailleurs, "lors d'un portage vers un autre hébergeur, des économies de transfert importantes (environ 38%) sont permises", est-il indiqué dans le document.
"Il est cependant important de noter que, même si cette réversibilité est possible, elle offrira actuellement un niveau de service inférieur à celui proposé par Azure."
Sont cités "des coûts et des délais de réalisation plus importants, une gestion de la sécurité plus difficile à mettre en place, des processus de fonctionnement plus lourds et une gestion de la sécurité plus difficile à mettre en place".
"Il existe de multiples alternatives à Microsoft. Il suffit que notre gouvernement décide de respecter les droits des personnes pour que Microsoft soit écarté et que les acteurs du secteur travaillent ensemble", a réagi le 11 février auprès de TICpharma Adrien Parrot, président de l'association Interhop, anesthésiste-réanimateur à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) et ingénieur.
L'association, qui milite pour l'utilisation des logiciels libres en santé, est à l'origine des recours contre l'hébergement du Hub par Microsoft.
"Pour garantir notre autonomie numérique, [le Health Data Hub] doit être décentralisé et open source", a ajouté Adrien Parrot.
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