La perte de l'odorat lors de l'infection au Sars-CoV-2 est un symptôme récurrent, associé toutefois à une forme plus légère du Covid-19 mais qui peut persister chez certains patients pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois après l'infection.
L'application disponible gratuitement à l'adresse covidanosmie.fr depuis le 12 janvier a été technologiquement conçue par la société d'e-santé Kelindi.
La jeune pousse a été cofondée par Florian Le Goff et le Pr Fabrice Denis, oncologue-radiothérapeute au Mans et concepteur d'applications de prédiagnostic médical. Ce dernier est notamment à l’origine du site Maladiecoronavirus.fr et du premier logiciel remboursé dans le droit commun en France, Moovcare pour le cancer du poumon.
"Nous travaillons sur l'application depuis environ trois mois. L'idée m'est venue après que des membres de ma famille ont été touchés par une anosmie post-Covid. En parallèle, je me suis mis en contact avec l'association Anosmie.org dont j'avais entendu parler et les choses se sont faites assez rapidement", a confié le 12 janvier à TICpharma le Pr Fabrice Denis.
"Nous avons également constitué un board scientifique avec des experts ORL, des hospitaliers, des universitaires et des neurobiologistes spécialisés dans l'odorat, Anosmie.org et la start-up Kelindi. En faisant une analyse bibliographique assez poussée sur le sujet, notre chance a été de découvrir une étude randomisée dans les anosmies post-infectieuses, publiée en 2014", a-t-il poursuivi.
L'étude citée par le Pr Denis a justement évalué le traitement proposé dans le cadre de l'application CovidAnosmie.
Le protocole spécifique, validé par le Pr Morinière, chef du service d’ORL du CHU de Tours, repose sur "l'inhalation deux fois par jour de quatre huiles essentielles spécifiques à forte concentration jusqu'à récupération et pendant 16 semaines au maximum, avec une visualisation hebdomadaire des résultats".
Concrètement, les utilisateurs munis des flacons d'huiles essentielles concentrées, achetés en pharmacie ou commandés via l'application, devront en premier lieu répondre à un questionnaire d'évaluation de la perte d'odorat en ligne pour quantifier leur anosmie.
Ils pourront ensuite renseigner l'évolution du symptôme pendant les 16 semaines de rééducation directement sur l'application, deux fois par jour après chaque inhalation.
"La rééducation olfactive est une technique validée dans les anosmies post-infectieuses depuis 2014 et recommandée par les sociétés savantes pour accélérer la récupération avec près de 63% d’amélioration de l’anosmie", a précisé Fabrice Denis.
"Une évaluation scientifique des données des utilisateurs qui accepteront de participer à une étude clinique non nominative sera réalisée", a d'ailleurs indiqué Kelindi dans un communiqué de presse diffusé mardi matin. Elle servira à valider le taux et la vitesse de récupération de l’odorat dans cette indication particulière liée au Covid-19.
"Nous ne savons pas si cela donnera les mêmes résultats que celle réalisée en 2014 et si les anosmies post-Covid vont se comporter comme les anosmies non Covid. Ce ne sera pas une étude randomisée, c'est compliqué et coûteux dans ce cadre mais les utilisateurs qui y participeront vont renseigner l'évolution de leur état sur l'application. A partir de 1.000 ou 2.000 utilisateurs, nous pourrons avoir un pourcentage d'utilisateurs qui auront noté une amélioration de leur anosmie, en fonction de l'ancienneté du symptôme", a détaillé le Pr Denis.
L'application web est "proposée en priorité aux patients français, avant une internationalisation déjà prévue pour les marchés germanophones et anglophones", a également fait savoir Kelindi.
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