Le PIA 4 a officiellement été présenté vendredi 8 janvier par le premier ministre, Jean Castex, en déplacement dans les locaux du fabricant de propulseurs pour satellites Exotrail à Massy (Essonne).
Le chef du gouvernement a profité du déplacement pour tenir une réunion du Conseil interministériel de l'innovation (CII), à l'issue de laquelle il a installé le nouveau conseil de surveillance des investissements d'avenir (CSIA) (voir encadré), chargé d'évaluer la bonne exécution du PIA 4.
Après trois premiers programmes lancés en 2010, 2013 et 2017 (cf APM YB1O967WY), le quatrième volet du PIA doté de 20 milliards d'euros sur cinq ans, "contribue d'ores et déjà à hauteur de 11 milliards d'euros au plan France relance, afin d'en accélérer la dynamique d'innovation", a rappelé Matignon dans son dossier de presse.
Le plan de relance de l'économie 2020-2022, présenté en septembre dernier, consacre 6 milliards d'euros au secteur sanitaire dans le cadre du Ségur de la santé, rappelle-t-on.
Il comprend aussi une enveloppe de 600 millions d'euros d'investissements ciblés pour la "relocalisation industrielle" d'ici 2022 dans cinq secteurs jugés stratégiques, dont la santé avec l'implantation ou l'extension de sites de fabrication pharmaceutique.
Dans le détail, les fonds du PIA4 présenté le 8 janvier seront répartis en deux grandes "priorités": 7,5 milliards d'euros pour "irriguer les écosystèmes d'enseignement supérieur, de recherche et d'innovation" et 12,5 milliards d'euros pour "construire des stratégies d'accélération ciblées sur des secteurs et d'innovation et des technologies prioritaires".
Si le montant des dotations concernant spécifiquement la santé n'est pas détaillé, le secteur est présent dans les deux grandes priorités présentées.
"Grâce au PIA4 l'Etat garantit ainsi un financement structurel pérenne et prévisible aux écosystèmes et organismes d'enseignement supérieur (universités de recherche, laboratoires d'excellence...), de recherche et d'innovation (instituts hospitalo-universitaires, instituts de recherche technologique...), pour faire de la France le terreau le plus fertile et attractif en Europe pour les étudiants, les enseignants, les chercheurs et les entrepreneurs. Le PIA4 consacre 7,5 milliards d'euros à ce volet d'innovation dite 'structurelle'".
De la même façon dans la partie relative aux stratégies d'accélération ciblées sur des secteurs et d'innovation et des technologies prioritaires (12,5 milliards d'euros), on sait depuis septembre dernier que sur 2021-2023, le PIA mobilisera 2,6 milliards d'euros sur "des stratégies d’investissement prioritaires" pour l’indépendance économique, par exemple concernant l’intelligence artificielle (IA), le cloud, la cybersécurité, les technologies quantiques, la santé digitale, la bioproduction de thérapies innovantes, la lutte contre les maladies infectieuses et émergentes.
Cette deuxième partie du PIA consiste à cibler quelques marchés et technologies dits "prioritaires" et à soutenir les entreprises et laboratoires de recherche dans les différentes étapes de leur développement.
Quatre stratégies nationales sont déjà initiées: le développement de l'hydrogène décarboné; l'enseignement et le numérique; la cybersécurité et la quantique. Ces deux dernières peuvent directement concerner le secteur de la santé. Sur la cybersécurité, "la stratégie d'investissement […] vise à accélérer l'innovation pour hisser l'offre française aux premiers rangs mondiaux, à maîtriser les technologies clés dans les applications critiques (comme l'industrie, la santé)", a souligné le gouvernement.
S'agissant de la quantique, cette rupture technologique répond à "un impératif économique et souverain: ordinateurs quantiques un milliard de fois plus rapides, permettant des outils de simulation et d'optimisation sans précédent", avance Matignon, citant l'exemple du monde de la santé, très attentif à cette technologie. "La stratégie d'accélération dans ce secteur d'avenir sera présentée en détail dans les prochaines semaines", ont fait savoir des sources gouvernementales le 7 janvier lors d'une présentation presse du PIA 4.
Par ailleurs, à l'issue du premier Conseil interministériel de l'innovation présidé par le premier ministre en novembre, le gouvernement a décidé d'ouvrir à la consultation l'élaboration de 11 stratégies nationales. Parmi elles figurent le développement des biothérapies et la bioproduction de thérapies innovantes ainsi que la santé digitale.
Matignon n'a pas toutefois pas précisé le calendrier ni le déroulement de ces consultations.
L'exécutif a rappelé que "la filière des industries de santé vit une véritable révolution via des médicaments dont les principes actifs sont produits à partir du vivant". "L'objectif de la stratégie est de rendre à la France sa place de leader européen en bioproduction pharmaceutique grâce à une politique industrielle et de recherche et innovation en santé offensive".
Les pouvoirs publics entendent établir une stratégie qui "favorisera l'émergence de nouvelles technologies ainsi que le passage à l'échelle des technologies existantes" afin d'obtenir un outil de production "flexible et adapté aux besoins réglementaires de production des biomédicaments tout en allant vers la diminution du coût d'accès à ces nouveaux produits thérapeutiques".
A terme, la France entend aussi améliorer son système de santé par la santé digitale. "Le secteur de la santé […] connaît une digitalisation rapide exacerbée par la crise et l'augmentation des données disponibles. [...] Cette stratégie d'accélération, en lien avec le projet de ParisSanté Campus annoncé par le président de la République, soutient ainsi le développement des outils numériques piliers de cette nouvelle médecine (IA, objets connectés...) pour faire face à trois principaux enjeux: l'efficacité du système de soins, la croissance économique et la souveraineté sanitaire française", a expliqué Matignon.
D'autres stratégies nationales seront soumises à consultation, notamment sur "l'alimentation favorable à la santé", la décarbonation de l'industrie, les produits biosourcés et les biotechnologies industrielles ainsi que la 5G et les futures technologies de réseaux de télécommunications.
Le PIA4 a également consacré une dimension écologique importante, avec un tiers des investissements réalisés en faveur de la transition écologique et énergétique et il comporte "une dimension territoriale amplifiée", destinée à renforcer le potentiel d'innovation des acteurs locaux. Sa partie régionalisée s'élève à 500 millions d'euros.
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