Il s'agit du premier logiciel de télésurveillance remboursé dans le droit commun en France, note-t-on. L'Hexagone est aussi le premier pays à acter son remboursement.
D'autres applications font l'objet d'une expérimentation de financement jusqu'en 2022 dans le cadre du programme Etapes pour la télésurveillance de cinq pathologies chroniques (insuffisance cardiaque, rénale, respiratoire, diabète et arythmies).
Moovcare poumon va être inscrit sur la liste des produits et prestations remboursables (LPPR) pour trois ans avec un prix semestriel toutes taxes comprises (TTC) de 1.000 euros, a indiqué à TICpharma Ayala Bliah, directrice générale adjointe de Sivan.
Il sera prescrit par le médecin et facturé de façon trimestrielle, a-t-elle précisé.
La création de l'acte correspondant à la télésurveillance médicale du patient est encore attendue.
Une étude exhaustive en vie réelle doit être menée par Sivan dans la perspective d'un renouvellement d'inscription. L'accord avec le CEPS prévoit la mise en place d'un comité de suivi pour accompagner la montée en charge de l'outil et suivre l'observance, a-t-on également appris.
Chaque semaine, Moovcare poumon envoie un mail au patient et l'invite à répondre à un questionnaire (sur mobile, ordinateur ou tablette) de 12 items.
Un algorithme analyse les réponses en prenant en compte les réponses des précédentes semaines et, si un risque de récidive ou de complications est détecté, une alerte est transmise au médecin spécialiste référent.
L'outil a reçu en avril 2019 un avis favorable au remboursement de la Commission nationale d'évaluation des dispositifs médicaux et des technologies de santé (Cnedimts) de la Haute autorité de santé (HAS).
Il a obtenu une amélioration du service attendu (ASA) de niveau III par rapport à la prise en charge conventionnelle seule (suivi par imagerie et consultations médicales en face-à -face).
La Cnedimts s'est notamment appuyée sur l'essai comparatif de phase III piloté par le concepteur de l'outil, Fabrice Denis de l'Institut interrégional de cancérologie Jean-Bernard du Mans, présenté au congrès de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO) en 2016 pour évaluer la solution. L'essai a démontré un allongement de la survie globale de 7 mois avec l'outil.
Jérôme Chekroun, directeur de l'accès au marché pour Sivan Europe, a partagé à TICpharma sa "fierté" d'obtenir ce remboursement pour un outil créé en France et validé scientifiquement dans le pays, le situant "à la pointe des thérapies digitales".
Ayala Bliah a mis en avant l'intérêt du logiciel pour les patients qui peuvent "appréhender leur suivi médical avec plus de sérénité", se sentir "moins seuls et plus proches de leur équipe soignante".
Une centaine de patients utilisent déjà l'application, et la société vise l'objectif des 6.000 patients utilisateurs d'ici 3 ans.
La directrice générale adjointe de Sivan s'est montrée "très optimiste" pour le développement de l'e-santé en France, expliquant avoir senti une "volonté forte" de la HAS, du CEPS et plus globalement de la classe politique pour promouvoir les innovations numériques dans le domaine médical en complément de l'arsenal thérapeutique existant.
"Il y a eu une prise de conscience de l'importance du suivi digital avec le Covid-19", a-t-elle noté.
Dans l'attente d'un remboursement, la société Sivan avait signé en mars un partenariat exclusif avec Bristol-Myers Squibb (BMS) France portant sur le "support au déploiement" de son logiciel auprès des hôpitaux et des professionnels de santé impliqués dans la prise en charge du cancer du poumon, rappelle-t-on.
Elle s'est aussi alliée au groupe de cliniques Elsan fin 2018 pour déployer son application.
Sivan travaille par ailleurs au développement et à la validation clinique d'outils de télésurveillance dans d'autres indications thérapeutiques en oncologie, notamment avec l'Institut Curie.
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