Créé en juillet 2018, le Conseil de l'innovation a identifié plusieurs "grands défis" qui pourront bénéficier d'un financement total de 120 millions d'euros par an, issus du Fonds pour l'innovation et l'industrie (FII), rappelle-t-on.
Ce fonds est alimenté par des cessions de participations de l'Etat dans des entreprises et des apports en titre.
Le défi sur les diagnostics médicaux est doté de 30 millions d'euros sur trois ans.
Le premier appel à projets, lancé avec le Health Data Hub, a deux objectifs: "le développement d'une application utilisant l'IA à destination des patients ou des professionnels de santé" et "un meilleur ciblage populationnel pour des thérapies ou de la prévention, grùce à une technologie innovante d'analyse de données", a indiqué Olivier Clatz lors d'une matinée organisée chez Bpifrance le 9 janvier.
Il est ouvert aux acteurs privĂ©s, publics ou associatifs, a-t-il prĂ©cisĂ©. Les rĂ©pondants devront ĂȘtre "en phase de dĂ©veloppement de nouveaux algorithmes" ou Ă la recherche de donnĂ©es de santĂ©.
Les projets ayant déjà entamé la phase d'essai clinique ne sont a priori pas concernés.
Les projets retenus recevront un financement de 150.000 à 300.000 euros. Ils seront accompagnés par le "grand défi" pendant 12 à 24 mois, "principalement pour le développement technologique".
Le Health Data Hub apportera également un soutien "technique, humain et financier", a indiqué Romain Girard, chargé de l'accompagnement des projets pilotes au hub.
"Le hub pourra aider à déterminer la faisabilité des projets, connaßtre les données disponibles, les modalités d'accÚs, la collecte, à accéder aux compétences et outils nécessaires et à mettre en valeur les résultats", a-t-il détaillé.
Les critÚres de sélection sont notamment "la faisabilité et le réalisme du projet, la capacité de l'équipe à le porter et un usage innovant des données de santé".
Parmi les critĂšres, Olivier Clatz a insistĂ© sur le fait que "les projets doivent pouvoir tĂ©moigner rapidement des bĂ©nĂ©fices pour le systĂšme de santĂ©", c'est-Ă -dire "ĂȘtre prĂȘts pour les Ă©tudes cliniques d'ici un Ă deux ans".
A la fin de l'accompagnement, "on sera à un ou deux ans d'une mise sur le marché", a-t-il ajouté.
Il a mis en avant le fait que "la volonté de partager ou non les technologies développées pour le projet", par exemple d'anonymisation de données, sera "discriminant" en cas de candidatures similaires.
Olivier Clatz a également indiqué que les données issues de financements publics mobilisées par les projets seront obligatoirement mises à disposition du Health Data Hub.
Ce partage "nâimplique pas une cession des droits de propriĂ©tĂ© des bases de donnĂ©es, ni une mise Ă disposition immĂ©diate ou gratuite systĂ©matiquement, ni un accĂšs en libre-service", est-il prĂ©cisĂ© dans le cahier des charges de l'appel.
"Les donnĂ©es acquises antĂ©rieurement Ă la date de dĂ©marrage du projet" et "les annotations de donnĂ©es qui pourraient ĂȘtre rĂ©alisĂ©es dans le cadre de cet appel Ă projets" ne sont pas concernĂ©es, est-il indiquĂ©.
Interrogé sur les craintes de nombreux établissements de perdre le contrÎle de leurs données et de leur valorisation, Olivier Clatz a expliqué que le Health Data Hub élabore actuellement une "charte des producteurs de données".
Ce document détaillera les engagements entre le hub et les producteurs et sera publié au plus tard le vendredi 28 février.
Les candidatures à l'appel à projets sont ouvertes jusqu'au mardi 24 mars. "On attend 100 à 200 candidats", a précisé Olivier Clatz à TICpharma.
Une "grosse vingtaine" de projets seront sélectionnés pour des auditions en mai, puis la sélection finale sera annoncée "au plus tard le 16 juin". "L'objectif est de retenir une dizaine de projets", a-t-il ajouté.
Un deuxiĂšme appel Ă projets destinĂ© Ă "accompagner les acteurs de la recherche dans les essais cliniques pour valider de l'IA" devrait ĂȘtre lancĂ© "fin mars", a expliquĂ© le directeur du "grand dĂ©fi".
"L'idée est la suivante: nous avons de plus en plus de technologies qui embarquent de l'IA et des algorithmes, qui ne sont pas juste des logiciels ou des dispositifs médicaux. Il s'agit notamment d'objets connectés et aujourd'hui, il y a beaucoup de professionnels de santé ou des patients que ces technologies intéressent mais qui sont en demande de preuves du bénéfice de ces outils", a-t-il détaillé.
"Beaucoup de ces outils ne sont pas encore sur le marché ou, s'ils y sont, n'ont pas fait l'objet d'assez d'études qui répondent à ces questions."
Pour répondre à cet enjeu, Olivier Clatz veut financer des expérimentations "avec un protocole d'évaluation scientifique qui va permettre de valider une hypothÚse et le bénéfice de l'outil".
"C'est l'une des premiĂšres fois en santĂ© oĂč un programme sera aussi portĂ© par des entreprises. Ici, l'idĂ©e sera de former des consortiums avec un porteur de technologie qui peut ĂȘtre une entreprise et un Ă©tablissement de santĂ©", a prĂ©cisĂ© Olivier Clatz.
"A l'avenir, j'aimerais aussi qu'il y ait des laboratoires de recherche qui participent avec des projets qui auront atteint un niveau de maturité trÚs avancé, c'est-à -dire avec toute la partie sécurité, réglementaire, juridique etc. qui serait bordée", a-t-il ajouté.
Pour les entreprises, cet appel doit permettre de démontrer les bénéfices de leur outil, de "convaincre leur clients" et d'apporter des preuves pour convaincre les autorités et "requérir un remboursement".
En terme de financements, les laurĂ©ats peuvent espĂ©rer jusqu'Ă 500.000 euros "maximum" par projet. "Une petite dizaine de projets devraient ĂȘtre sĂ©lectionnĂ©s", a indiquĂ© le directeur du grand dĂ©fi IA et santĂ©.
L'appel Ă projets devrait ĂȘtre clos en juillet. Les auditions "commenceront dĂ©but octobre" et les laurĂ©ats devraient ĂȘtre connus "dĂ©but novembre". "Cela devrait ĂȘtre le dernier appel Ă projets pour 2020", a estimĂ© Olivier Clatz.
Les autres "grands défis" financés par le Fonds pour l'innovation et l'industrie concernent la bioproduction, la certification des systÚmes critiques ayant recours à l'IA, l'automatisation de la cybersécurité, et le développement du stockage de l'énergie haute densité, rappelle-t-on.
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