Xrapid s'est rendue au CES "tous les ans depuis 2015", année de sa création. "Commercialement, c'est parfaitement inutile", a noté Jean Viry-Babel. "Nous faisons 80% de notre chiffre d'affaires dans un salon spécialisé dans l'hygiène industrielle à Atlanta, mais on va au CES pour se faire connaitre."
Cette présence "ouvre les portes à de futurs clients ou partenaires". "Nous travaillons avec l'institut Pasteur ou l'institut coréen de l'amiante parce que nous les avons rencontrés à Las Vegas."
Xrapid, qui développe également des solutions d'analyse automatique de l'amiante (Xrfiber) et de la moisissure (Xrmold), a débuté avec l'outil éponyme de détection automatique de la malaria.
Cette solution "est passée dans le domaine public en 2016 et a été confiée à la fondation Xrapid, qui en permet l'utilisation par des organismes à but non lucratif", a précisé Jean Viry-Babel.
Son dernier produit, Xrblood, est un dérivé de cette technologie. Il s'agit d'un "laboratoire portable" de numération sanguine. Il a reçu un "Innovation Award" dans la catégorie "Health & Wellness" du CES 2020.
"J'ai une maladie auto-immune, la maladie de Berger", a raconté Jean Viry-Babel. "J'ai été transplanté du rein il y a dix ans, et depuis j'ai calculé que j'ai fait 250 à 300 prises de sang. J'ai constaté qu'il n'y avait pas d'outil de numération sanguine rapide sur le marché."
A partir d'un prélèvement de surface capillaire de 2 ml, Xrblood "peut réaliser toutes les analyses sanguines en moins d'une minute", a-t-il vanté.
Le dispositif se présente sous la forme d'un boîtier "plus petit mais plus épais qu'un ordinateur portable" et "tient dans une sacoche".
Il embarque un algorithme d'analyse "qui s'améliore en permanence", mais il "n'a pas de connexion extérieure" afin de ne pas être concerné par la législation en matière de données de santé. L'exportation des données à des fins de recherche est cependant possible.
Le prélèvement se fait à l'aide d'une cartouche à usage unique qui s'insère dans le boîtier, chaque type de cartouche étant dédié à un type d'examen.
Quant à son modèle économique, "c'est Nespresso", a indiqué Jean Viry-Babel. La machine sera vendue "à faible coût", et la vente de cartouches à usage unique sera la principale source de revenus de Xrblood. Chaque cartouche pourrait coûter "entre deux dollars pour une analyse de cholestérol et 50 dollars pour un test ultra-spécialisé comme un suivi de leucémie", a estimé le CEO.
La société espère obtenir l'autorisation de commercialiser Xrblood pour une utilisation en santé dans l'Union Européenne ou aux Etats-Unis "d'ici trois ans".
"Le marché potentiel est gigantesque", a estimé Jean-Viry Babel. "Chaque généraliste pourra en avoir un dans son cabinet, chaque patient à son domicile."
La société espère également que Xrblood arrive "en juin" sur le marché vétérinaire et de la recherche.
Xrapid est aujourd'hui rentable grâce à Xrfiber, sa seule solution disponible à la vente.
L'entreprise est entièrement financée par ses six actionnaires. Elle envisage une levée de fonds "auprès d'individuels" pour financer le développement de Xrblood. Se rendre au CES lui permet "de se faire connaitre et d'évaluer le marché", a déclaré le CEO.
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