Le t-shirt possède des fibres qui s'étirent lorsque la cage thoracique se gonfle et se rétractent lorsqu'elle s'affaisse, permettant d'évaluer les volumes d'air inhalés et exhalés. Il enregistre également le rythme cardiaque et le mouvement.
Le premier auteur de ces travaux, Denise Mannée du Centre médical de l'université de Radboud à Nimègue (Pays-Bas), explique dans un communiqué de l'ERS que "lorsque les patients [atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive -BPCO] souffrent d'une aggravation de leurs symptômes, comme une toux ou une difficulté respiratoire, ils ont besoin d'être suivis de manière plus rapprochée. Les premiers symptômes surviennent au cours des activités quotidiennes comme monter des escaliers ou faire le ménage, mais la respiration est difficile à enregistrer dans ces conditions", du moins avec les équipements de mesure traditionnels (vélo, masque facial, ordinateur...).
Le t-shirt Hexoskin, connecté à une application mobile, a été testé par 15 personnes en bonne santé au cours de différentes activités quotidiennes (s'allonger, s'asseoir, se tenir debout, monter des escaliers, passer l'aspirateur...).
Les participants ont jugé le t-shirt connecté confortable et facile à porter sous leurs vêtements normaux. Ils portaient en même temps l'équipement traditionnel de surveillance respiratoire dans un gros sac à dos, qui incluait un masque facial. Les mesures effectuées dans chaque situation ont été répétées deux fois avec les deux équipements.
Les résultats ont été "généralement semblables" entre le t-shirt et l'équipement traditionnel. Ils ne différaient que de 0,2% en moyenne en position allongée, ce qui correspond à quelques millilitres d'air de différence.
Les différences étaient en revanche plus élevées dans les activités les plus intenses. Par exemple, la différence atteignait 2,1% en moyenne en passant l'aspirateur, soit environ 40 mL d’air. Ce t-shirt semble permettre des mesures de la fonction respiratoire aussi fiables que les équipements habituels de surveillance au cours d'activités quotidiennes, estime Denise Mannée.
L'ERS observe néanmoins dans son communiqué que les calibrages d'Hexoskin réalisés pour la première série de mesures ne sont pas restés fiables pour la seconde série, ce qui suggère que l'équipement devrait être recalibré à chaque utilisation du t-shirt.
Les chercheurs ont prévu d'évaluer désormais ce t-shirt chez des patients atteints de BPCO afin de repérer plus précocement la dégradation de leur état respiratoire mais ils l'estiment prometteur aussi dans d’autres situations comme l'asthme, la mucoviscidose ou encore après une greffe.
Denise Mannée précise que l'objectif est d'améliorer la qualité de vie des patients. "Si nous pouvons surveiller avec précision les symptômes des patients pendant leurs activités quotidiennes, nous pourrons peut-être déceler les problèmes et les traiter plus tôt, ce qui pourrait réduire le temps passé à l'hôpital", observe-t-elle.
En tant que président de l'ERS, le Pr Thierry Troosters de l'hôpital universitaire de Louvain (Belgique) juge dans le communiqué que "le t-shirt intelligent constitue un outil prometteur, quoique relativement coûteux [...] Il est prévu qu'en utilisant l'intelligence artificielle [IA] et des algorithmes d’apprentissage, la charge de traitement de ces données sera réduite au minimum et que la majeure partie de la surveillance se fera automatiquement".
Adélaïde Robert-Géraudel
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