Les étés et mois de septembre se suivent et se ressemblent dans l'univers de la big tech. Et comme pour la saison 2018, la rentrée 2019 des géants de la tech a été riche en nouveautés.
Ainsi, le "G" de GAFAM, le géant Google, a annoncé le 10 septembre avoir noué un "partenariat stratégique sur 10 ans" avec la fédération hospitalo-universitaire américaine Mayo Clinic.
Ce partenariat permet à la firme de Mountain View (Californie) de mettre un pied à l'hÎpital outre-Atlantique. Ensemble, Google et la Mayo Clinic vont "redéfinir la prestation de soins de santé" et "accélérer le rythme des innovations" à l'hÎpital grùce aux technologies numériques de Google, ont souligné les deux partenaires dans un communiqué.
La Mayo Clinic a choisi la solution cloud de l'entreprise californienne pour poser les fondations de sa transformation numĂ©rique. Elle utilisera les capacitĂ©s de cloud computing, dâanalyses de donnĂ©es, dâapprentissage automatique et dâIA offertes par cette plateforme.
Google a par ailleurs profité de l'été pour finaliser l'acquisition de la société d'IA en santé DeepMind Health, initiée en 2014. La firme a placé les équipes de DeepMind Health sous la houlette de Google Health, division pilotée par David Feinberg, et précisé que le programme Streams mené avec le National Health Service (NHS) britannique se poursuivait.
Cette précision a son importance. Dans le cadre du projet Streams, DeepMind s'était engagé à ce que les données des patients ne soient "jamais associées à des comptes Google". Mais au moment de passer dans le giron du géant de la tech, le NHS avait accusé la société d'avoir "brisé" leur accord. Si les deux parties semblent avoir trouvé un terrain d'entente, cela confirme surtout l'appétit de Google pour le secteur de la santé.
Enfin, Google a placé sa rentrée 2019 sous le signe du combat contre les fake news. Le moteur de recherche numéro un a, en effet, interdit la publicité pour des traitements médicaux non prouvés ou expérimentaux, a-t-il annoncé le 6 septembre.
Du cĂŽtĂ© du "A" de GAFAM, Apple, la rentrĂ©e est toujours synonyme de keynote. L'Ă©dition 2019 n'a pas fait mentir la rĂ©putation de l'Ă©vĂ©nement. Le cocktail technologique dĂ©tonnant prĂ©sentĂ© par le patron de la firme, Tim Cook, a fait la part belle Ă l'Apple Watch Series 5, qui utilisera le mĂȘme processeur que la prĂ©cĂ©dente mouture.
Appels automatiques à des services d'urgence, détection des chutes, possibilité pour l'utilisateur de contrÎler son rythme cardiaque.... Dr Apple peut désormais diagnostiquer bradycardie et arythmies avec sa montre connectée. Il peut par ailleurs établir des électrocardiogrammes (ECG) transmissibles à un médecin -un "vrai"- via son programme Apple Health Records.
Deux nouvelles fonctionnalités ont également fait leur apparition avec la Series 5: une application permettant de détecter le bruit ambiant pour protéger l'ouïe de son porteur et une autre aidant les utilisatrices à gérer leurs cycles menstruels et à détecter leur période de fertilité.
ParallÚlement à sa montre connectée, la marque à la pomme se lance dans... les études cliniques. ConcrÚtement, Apple va permettre à des chercheurs de mener leurs études cliniques à partir des données issues de ses applications.
Trois Ă©tudes sont d'ailleurs dĂ©jĂ lancĂ©es. LâĂ©tude Apple Hearing Health, menĂ©e en partenariat avec lâuniversitĂ© du Michigan, examine les facteurs qui affectent lâaudition. L'objectif est de collecter des donnĂ©es afin de comprendre l'impact de l'exposition sonore quotidienne des porteurs d'Ă©couteurs Apple. Ses rĂ©sultats seront partagĂ©s avec l'Organisation mondiale de la santĂ© (OMS), a prĂ©cisĂ© la firme.
LâĂ©tude Apple Heart and Movement est, elle, menĂ©e en collaboration avec le Brigham and Women's Hospital de Boston et les mĂ©decins de lâAmerican Heart Association (AHA). Elle examine la relation entre la frĂ©quence cardiaque et les signaux de mobilitĂ©, comme le rythme de la marche, en relation avec divers indicateurs tels que les hospitalisations, les chutes, la santĂ© cardiaque et la qualitĂ© de vie du patient.
Une Ă©tude sur la santĂ© des femmes dâApple sera Ă©galement rĂ©alisĂ©e avec lâĂ©cole de santĂ© publique Harvard TH Chan et lâInstitut national des sciences de la santĂ© de l'environnement (NIEHS) amĂ©ricain. Ce sera la premiĂšre Ă©tude Ă long terme de cette taille axĂ©e sur les cycles menstruels et les conditions gynĂ©cologiques. Elle traitera du dĂ©pistage et de l'Ă©valuation des risques pour diverses affections, notamment le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), la stĂ©rilitĂ©, l'ostĂ©oporose, la grossesse et la transition mĂ©nopausique.
Enfin, la rentrée d'Apple s'est faite sous le signe du recrutement d'un ponte de la big pharma. Le groupe de Tim Cook a ainsi débauché le directeur informatique (CIO) du laboratoire pharmaceutique britannique AstraZeneca, David Smoley, nommé vice-président d'Apple.
Le "M" de GAFAM, Microsoft, a, lui, profitĂ© de la rentrĂ©e pour dĂ©voiler un partenariat avec lâinstitut Carnot Calym, un institut de recherche Ă but non lucratif qui se concentre sur le traitement et le diagnostic du lymphome.
Dans le cadre de cette collaboration, Microsoft met à disposition de l'institut lyonnais ses solutions cloud et sa suite Microsoft Azure avec ses outils de calcul. L'entreprise américaine fait également profiter l'organisation de ses contacts pour les accompagner dans ses développements.
Le programme d'IA de lâinstitut Calym se compose de deux phases:
- une premiĂšre phase de preuve de concept consacrĂ©e Ă la construction du Lymphoma Data Hub, datalake thĂ©matique concentrant lâensemble des donnĂ©es dĂ©tenues par un consortium d'acteur, et Ă la rĂ©alisation de projets pilotes de recherche
- une phase de recherche académique et partenariale prioritairement destinée à améliorer la compréhension des lymphomes, leur diagnostic et leur traitement.
Par l'entremise de Microsoft, l'institut travaille dĂ©jĂ avec les startâup spĂ©cialisĂ©es Owkin et Artefact et l'Ă©cole d'ingĂ©nieurs Epita, l'idĂ©e Ă©tant de permettre la crĂ©ation dâoutils dâaide pour les mĂ©decins dans le but de proposer un diagnostic prĂ©dictif de prĂ©cision dans le lymphome.
Cet été, Microsoft, Google et Apple ont par ailleurs pris part, ensemble, à un projet de "centralisation des données des patients américains". Ce programme porté par le systÚme d'assurance santé fédéral Medicare embarque également des organismes de complémentaires santé, des assurances et des professionnels de santé.
Il doit permettre aux usagers du systÚme de santé américain d'accéder à l'ensemble de leurs données de santé sur une plateforme unique enrichie par les données des GAFAM partenaires, des états fédéraux, des assureurs et des professionnels de santé.
Cette plateforme, qui doit ĂȘtre testĂ©e en 2020, sera un mixte du dossier mĂ©dical partagĂ© (DMP) français et du futur espace numĂ©rique de santĂ© (ENS) nĂ© de la loi "Ma SantĂ© 2022" de juillet 2019.
Enfin, si Facebook et Amazon se sont montrés plus discrets, ils continuent à avancer leurs pions dans la santé.
Ainsi, la société de Mark Zuckerberg a pris des mesures cet été pour lutter contre les fake news en santé qui pullulent sur son réseau social et s'est engagée à faire la chasse aux anti-vaccins qui avaient, jusqu'alors, la totale liberté de militer sur son site.
De son cĂŽtĂ©, Amazon a annoncĂ© le 25 septembre l'ouverture d'une "clinique virtuelle" pour ses salariĂ©s Ă Seattle. A deux pas de son siĂšge amĂ©ricain, le gĂ©ant de l'e-commerce va offrir Ă ses employĂ©s des tĂ©lĂ©consultations et assurera mĂȘme un service d'e-prescription. AprĂšs Apple, c'est le deuxiĂšme GAFAM Ă s'affranchir des cliniques classiques pour proposer ses propres Ă©tablissements de soins.
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